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Premier week-end à bord d'Utinam

5 janvier - 13h00

Même heure, même endroit, Etienne embarque dans la Lodgy une Manon toute endormie de sa garde de nuit. Déjà la routine ! Elle dort pendant qu'Etienne bataille avec les bouchons. Un arrêt au Plessis pour prendre une caisse à outils, un arrêt à Clamart pour déposer un cadeau d'anniversaire; nous voilà enfin à l'Hay-les-Roses.

15h00 : Embarquement de Rémi. Cap direct sur Marzan.

19h07 : Arrivée nocturne au chantier

19h32 : Allô Tony ?


Bon on se souvenait toust très bien de la consigne de sécurité de brancher d'abord l'électricité sur le bateau avant de se raccorder à l'alimentation du chantier. Si tu fais l'inverse tu marches avec du jus dans la main, pas terrible.. Mais euh, disons qu'on a collectivement omis une info capitale : la localisation de la prise ...


19h45 : Etienne : Bon il est où le chauffage ?

19h53 : Rémi trouve le chauffage. Le branche à la multiprise du bateau. Hélas rien ne se passe.

20h03 : Rémi redescend vérifier le branchement de la prise. Ah ! Forcément, si on n'active pas le courant.

20h05 : le 220Volt circule sur Utinam. Le chauffage fonctionne. L'apéro peut commencer.

20h10 : Premiers tintements des verres de bière.

20h12 : Rémi : Bon qu'est-ce qu'on fait ce week-end ?

21h03 : Service du cassoulet en conserve.


De là plusieurs sujets sont abordés. Manon note dans son carnet au fur et à mesure que la journée du lendemain s'organise. Elle présente le fruit de ses recherches sur l'itinéraire, les étapes possibles, les impératifs météos, les temps de parcours estimé… On parle un peu de l'esprit de la croisière : on ne veut pas faire de la régate, on veut prendre le temps de prendre notre temps. On parle de la vie à bord, on envisage des schémas de quart. On ne prend pas de décisions, c'est trop tôt. On aborde aussi l'après transat, la croisière aux Antilles, le parcours jusqu'à la Guyane, puis la date du parcours retour… Ca fait loin tout ça.


23h30 : On s'installe dans nos duvets, Rémi s'installe dans la cabine avant, Manon et Etienne sur les banquettes du carré.

23h32 : On s'endort. Le bateau tangue sous notre excitation.

6 janvier - 08h30 : Le réveil sonne.

09h10 : Le café coule dans la vieille italienne. Les tartines sont beurrées.

09h15m58sec : Jérémie Beyou franchit la ligne d'arrivée du Vendée Globe et remporte la 13e place du tour du monde.

09h38 : C'est parti.

09h40 : Chaîne pour sortir tout ce qui traîne vers l'extérieur du bateau.

09h57 : Premiers coups d'éponges.


On a décidé de tout vider pour pouvoir tout nettoyer. On commence par les cabines arrières. Dans la cabine bâbord, pas grand chose à vider, quelques matelas tout au plus. Il y a un peu plus de fourbis dans la cabine tribord. Des caisses de matos de bricolages, de la paperasse, un aspirateur, des bidons … On constate avec soulagement que le bon vieux vinaigre+eau fonctionne très bien pour enlever les tâches de moisissures qui s'accumulent sur les parois à cause de la condensation. Pour faire bonne mesure, on désadapte l'échelle pour bien nettoyer les murs de la descente. Y en avait besoin ! On en profite pour repérer les parcours de câbles, les fissures et les fragilités…


10h43 : Le cocon est ouvert et vidé.


Le cocon, c'est un coffre à l'arrière du cockpit (donc à l'extérieur du bateau). Il contient des bouts, des pare-battages, des bidons d'essence. En dévissant la planche du fond, on peut descendre au niveau du plancher du bateau et avoir accès à tout un système de tuyauterie : bouteille de gaz, réservoir d'essence raccordé au moteur, câble électriques du panneau solaires qui rejoignent la batterie. Le cocon donne donc sur l'intérieur du bateau via la cabine bâbord, qui accueille le moteur sur sa face intérieure.


11h05 : Attaque de la cuisine. Les poubelles commencent à s'accumuler.

11h14 : Le four est sorti de son axe, seule manière pour atteindre les murs de derrière.


Saleté de moisissure qui s'est crue chez elle ! On ne compte plus les coups de pchit pchit et les éponges flinguées dans tous ces petits interstices. A peine l'eau du sceau est changée qu'elle se noircit immédiatement. On n'a pas compté le temps pris pour laver toute la vaisselle du bateau. On n'a pas goûté tous les condiments qui sont pour la plupart partis directement à la poubelle… Pardon mère nature. Promis on se rachètera. Promis, y en avait besoin !


13h30 : Préparation du repas.

14h13 : Prière au monstre en spaghetti volant

15h38 : Sieste pour Rémi. Manon & Etienne écoutent la conférence de presse de Beyou sur le pont réchauffé par le soleil.

15h59 : Après avoir salué les voisins qui travaillent sur leur bateau, réveil de Rémi et reprise du travail.

16h00 : Début de l'inventaire.


Pour y voir plus clair, nous avons décidé de procéder d'avant en arrière sur le bateau. Une fois les deux cabines arrières vidées et nettoyées, elles sont devenues l'espace de stockage. Ainsi, toutes les affaires amenées à rester sur Utinam sont rigoureusement inventoriées puis stockées dans la cabine tribord. Toutes nos affaires utiles sur le bateau ce week-end sont gardées dans la cabine bâbord. Tout ce qui dégage est emmené sur le pont pour acheminement vers la voiture. D'ailleurs, heureusement qu'elle a un grand coffre cette voiture.. On se demande ce qu'on aurait fait si on était venu en train.


16h10 : En parallèle, attaque du carré central.


Là encore, un peu de gâchis, quelques conserves à conserver, et encore et encore du moisi. On frôle la crise de rage à mesure que le stock d'éponges diminue. Dans les coffres sous les banquettes, les investigations deviennent de plus en plus intéressantes : des gilets de sauvetage, des sacs à voile, des fusées de détresse ... Ces fusées de détresse on en trouvera 3 jeux complets. Dates de péremption : 2008; 2012; 2018. Ca fera joli en manif ! Dans les placards, la vaisselle et de la bouffe donc, mais aussi de la doc, des affaires de plaisance, beaucoup de vieilleries, et entre des bouquins de navigation et des prospectus de marinas portugaises, Manon fait une trouvaille presque émouvante .... les plans d'architecture du Ne Quid Nimis !


16h57 : L'inventaire continue

17h00 : Attaque des toilettes. On a failli les oublier ceux là ! Pourtant, y en avait besoin...

17h28 : Rémi : Bon je me sers un verre, ça motive !

18h02 : Découverte d'un joli trou dans un coffre des banquettes du carré.

18h02 : Inventaire des coffres de la cabine avant.


On aura croisé vraiment de tout. Des lignes de mouillage, encore des gilets de sauvetage, les rames de l'annexe, une échelle, des paquets de cartes, une boîte de tabac, du matériel de pêche, et j'en passe .. Plus on avance, plus la dyspraxie augmente et moins on est efficaces. Péniblement, on arrive au bout de nos objectifs de la journée : le bateau est nettoyé de l'intérieur (en tout cas au dessus du plancher).


19h57 : Préparation du repas.

19h58 : Bière bien savourée.

20h28 : Nouvelle prière au monstre en spaghetti volant.


Pendant ce deuxième dîner, on fait un point sur les avancées et ce qu'il nous reste à faire le lendemain. On se fixe un départ à 14h00 car on risque trop de prendre une amende en traversant Paris après le couvre-feu un dimanche soir. Le timing est serré, on sélectionne les objectifs. Parler de ce qu'il reste à faire nous amène sur le chemin de nos difficultés et c'est l'occasion pour une petite leçon d'électricité. On vous fera un article complet là dessus pour que vous compreniez les tenants et aboutissants du 12 ou du 220V et de tout ce qu'il faut savoir d'autre. Si Manon est totalement larguée et reprend les bases du collège qu'elle a oublié, Rémi (ingénieur informatique rappelons le) sent lui aussi les limites de ses connaissances. Pourtant l'électricité à bord d'un navire, ça casse en permanence, donc pour être capable de tout comprendre et de réparer, il va falloir qu'on se recadre un peu là dessus.


23h01 : Installation pour la nuit, cette fois Rémi est sur une banquette du carré, Etienne et Manon investissent l'inconfortable cabine avant.

23h02 : Etienne commence à ronfler.

7 février, 08h00 : Le réveil sonne.

08h32 : Après de trop nombreuses exhortations, le café coule enfin dans la vieille italienne.

09h27 : On commence selon le plan établi. La vaisselle est terminée dans les sanitaires du chantier tandis que le gros des affaires est amené dans le coffre de la voiture.

10h10 : Le dépiautage des planches du carré commence.


L'objectif du week-end c'est l'inspection approfondie de l'intérieur du bateau pour avoir les idées claires sur les réparations à faire mais aussi sur les différents circuits : le circuit électrique, le circuit d'approvisionnement en gaz, en gazole, et le circuit d'eau. Sur un bateau, le sol où l'on marche n'est qu'un faux plancher qui peut se désosser pièce par pièce afin d'avoir accès au "vrai" fond (qui lui, n'est pas plat, si vous suivez). C'est ainsi que nous avons pu observer de plus près plusieurs éléments.


10h59 : Nous découvrons de nouvelles conserves rouillées et une bienheureuse bouteille de cidre, stockées dans les fonds.

11h17 : Les passe-coques sont comptées, l'ancien loch est sorti de son passe-coque.

11h39 : Les trappes d'accès au réservoirs d'eaux sont comptées. L'une d'entre elles est déboulonnée.

11h43 : Plongée dans les eaux troubles du réservoir.


Ce qu'on soupçonnait se confirme. Utinam possède un réservoir d'eau qui est constitutif de sa coque. C'est à dire que ce n'est pas un bac en plastique ou une vache en tissu qui est reliée aux tuyaux d'approvisionnement et qui peut se remplacer en cas d'avarie : c'est une sorte de cave qui fait partie intégrante de la structure. Le problème de base c'est que la peinture s'écaille, ce qui rend de toute façon l'eau impropre à sa consommation. En plus de ça, de l'eau ayant stagné dans le réservoir durant trois ans, notre meilleure amie la moisissure a elle aussi élue domicile dans la galerie aquatique … Du boulot en prévision !


12h05 : Le plancher est remis en place.

12h10 : Examen détaillé du circuit électrique


On se paye une petite frayeur après avoir dévissé le panneau de contrôle des instruments de navigation. Plus rien ne marche ! Plus de courant dans tout ce qui fonctionne sur 12V. A la recherche de la cause, on comprendra qu'en faite le coupe circuit avait simplement été actionné lors de la réinstallation des planches. 20 min de stress cadeau !

La constatation majeure concernant l'examen du circuit électrique est assez simple : on est largué ! La seule conclusion qu'on peut en tirer pour l'instant, c'est la nécessité de lectures, vidéos et appels aux copaines pour nous mettre à niveau sur ce plan là.


12h16 : En parallèle, inventaire de la documentation du bateau.


Grand moment de découvertes ! Entre les cartes marines, les bouquins d'instructions nautiques qu'on n'aura pas à racheter, on retrouve aussi une collection de mode d'emploi sur l'ensemble des équipements du bateau : allant de l'aspirateur au moteur Volvo Penta MD2020, en passant par le régulateur d'allure, la VHF, etc etc … On déniche aussi le rapport d'expertise d'Utinam qui date de 2014 et un plan de l'électricité dessiné à la main. On remercie les propriétaires successives d'Utinam qui ont conservé tout ça à l'abri de l'humidité !


13h02 : Début du rangement

13h08 : En parallèle, on réchauffe et mange à même la casserole les restes de pâtes de la veille.

13h29 : Chargement de la Lodgy

14h00 : Démarrage du contact

https://video.wixstatic.com/video/91dbbe_87da702d04104426a5933c60565908ff/720p/mp4/file.mp4


On est contents de ce premier WE à bord d'Utinam. Ca fait du bien de commencer à bosser avec ses mains et de sortir de nos recherches sur internet et des bouquins qu'on pratique depuis de longues semaines. On a atteint nos objectifs dans le temps assez court qu'on avait. Et comme Rémi l'a très bien dit, avec ce rangement, ce nettoyage, cet examen minutieux, et bien sur Utinam on se sent déjà un peu plus "chez nous".

On rentre à Paris avec une foule de tâches à faire. Des genres de devoirs, mais jamais on n'aura autant de plaisir à faire nos devoirs, qui sont à rendre pour fin février. Le 27, on revient, et on discerne déjà ce qu'il faudra qu'on fasse à ce moment là.

Retour à Paris fatiguées, motivées,

Utinam reste dormir à Marzan mais on se retrouve bientôt.

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