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Première étape : Morgat - Lisbonne, en plusieurs étapes

14/09/2021

18h12 : Utinam prend la mer sous spi par un grand soleil et un vent de nord, escorté par le Walrus II. L'équipage est plus qu'au complet : Etienne le capitaine, Rémi et Manon les équipièr.e.s et Max le pirate qui a rejoint le navire pour cette traversée du Golfe de Gascogne.

22h00 : Le raz de Sein est passé sous les étoiles. Nous disons au revoir aux côtes françaises.

23h06 : un brouillard se lève et nous craignons à tout moment une attaque du Hollandais Volant. Nous sonnons les premiers coups de cornes de brume.

15/09/21

04h32 : Utinam heurte un OFNI. Le choc n'est pas très fort, l'inspection ne remarque pas d'impact ou de voie d'eaux, nous poursuivons notre route.

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Les OFNI sont des Objets Flottants Non Identifiés. On utilise ce terme parce qu'un bateau qui percute quelque chose en mer ça arrive souvent mais les marins à bord ne voient pas forcément ce qu'ils ont heurtés : un poisson ? un déchet ? une tentacule d'MSV ? tout est possible.

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06h00 : Premier dauphin du voyage, escorte royale pour le réveil de Max le Pirate.

09h01 : Lancé d'une coquillette à la mer en offrande à Pastaîdon pour lui demander bénédiction et protection pour le passage du canyon de Pen Marc'h

14h52 : Aperçu le dos d'un énorme poisson : petite baleine ou orque ? Ci-contre une illustration d'un grand réalisme qui vous permettra quasiment d'y être.

16/09/21

00h14 : le vent décroit progressivement, nous forçant à passer au pilote-auto.

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En navigation hauturière, d'autant plus en petit équipage, il est important de pouvoir lâcher la barre. A bord d'Utinam, on a 3 dispositifs qui nous le permettent. 1 ) Un pilote-auto, qui se branche sur la barre, qui est alimenté par nos batteries et qui donc consomme de l'électricité. Il a cependant l'avantage d'être très efficace et simple d'utilisation : tu appuies sur un bouton pour mettre 1° vers bâbord ou tribord. Nous l'avons baptisé Otto. 2 ) Un régulateur d'allure : mécanique, ce dispositif installé à l'arrière du bateau est plus complexe d'explication ( et donc également d'utilisation ) : une pale aérienne corrige le cap grâce au vent, tandis qu'une pale immergée dans l'eau prend la force qui permet d'agir sur la barre. Régis - car c'est comme ça qu'on l'appelle - est infatigable : il n'a pas besoin d'électricité, mais ne fonctionne pas quand il y a panne de vent, forcément. Il est plus sujet aux difficultés d'installation et de réglages mais reste notre 5ème équipier le plus fidèle. 3 ) Nous fermons les yeux et prions MSV à genou en mangeant sans les mains des spaghettis au beurre. Moins efficace, cette méthode plus traditionnelle que folklorique à l'avantage de favoriser les rencontres avec les autres marins.

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10h42 : Nous apercevons des geysers sur notre bâbord, plusieurs consécutifs. Nous n'apercevons pas les poissons à leur origine mais la quête de la baleine bat son plein.

15h43 : Devant l'absence persistante et totale de vent, l'équipage fait un plouf sur 4 000 m de fond. Le calme plat provoque une mer très peu agitée, mais nous constatons tout de même une grande houle très lente et espacée, qui nous fait penser à une colline aqueuse qui s'approche du bateau et le soulève tout doucement.

21h: Le vent revient, les voiles sont de nouveau envoyées.

17/09/2021

00h02 : Un chant de baleine est entendu par Etienne et Max le pirate.

03h00: Un nuage noir arrive du nord-ouest et masque la lune. Nos connaissances météos ne sont à l'époque pas suffisantes pour l'interpréter comme le signe de l'arrivée d'un front d'air mouvementé.

04h30 : Le solent tente de s'échapper du navire ! Une mission héroïque de récupération est menée par le capitaine et ses deux équipiers. Max le Pirate a continué de ronfler pendant toute l'opération.

06h00 : Un ris est pris dans la grand voile, puis un deuxième. Le solent a été hissé mais la manille du point de drisse ayant cédé, il sera affalé immédiatement. Nous poursuivons avec le génois en partie enroulé.

10h32 : la mer est agitée et nous estimons à 7 la force du vent. Les hurlements de Max dans les montagnes russes des vagues réveillent Manon.

21h47 : Le port d'arrivée n'est plus qu'à 90 mn et le Capitaine pronostique que nous pourrons prendre une cerveza con tapas samedi soir en Espagne.

18/09/2021 : Utinam file vers sa direction sous un vent toujours à Force 6 bien établie.

06h32 : les phares espagnols sont en vue !

07h57 : un ban de dauphin nous accueille, sautant dans les vagues qui nous poussent vers la côte. Etienne se lance dans le dressage.

10h35 : Max fait sa première crotte depuis 4 jours.

16h54 : Nous sommes amarrés au ponton de la Marina de la Coruna en Espagne. Nous sommes content.e.s de nous et nous partons, très logiquement, en quête d'un bar pour fêter notre arrivée.

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La traversée du Golfe de Gascogne ( donc de la cote Bretonne dans le Finistère à la cote Espagnol dans le Finisterre ) nous aura pris 4 jours complet. Première étape validée pour le bateau et l'équipage, avec quelques difficultés sans gravité et une vie en mer appréciée par toust. La météo très variée nous a permis de nous tester sur différents types de condition bien qu'elles soient restées maniables en permanence. Nous cernons aussi mieux nos limites, nos lacunes, et savons donc sur quoi nous allons devoir nous améliorer, nous renseigner, apprendre et progresser. Nous avons enfin hâte de la suite, même si un peu de bricolage et bien sur , du tourisme, nous retiendra à la Coruna jusqu'au 21 septembre.

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21/09/2021

16h03 : Départ de la Coruna, direction le Cap Finisterre. Nous disons au revoir à cette terre celte qui nous a accueillis. Départ sous génois et grand voile réduite avec 1 ris.

18h : Ca balance pas mal sur Utinam

19h56 : Un deuxième ris a été pris et Max le Pirate va se coucher, cramponné à son estomac.

21h29 : La lune se lève derrière nous, mais Régis montre des signes de fatigue : nous l'arrêtons et remettons Otto en route.

22/09/21

00h20: Les lames déferlent sec sur Utinam, nous poussant à une de nos bottes secrètes : la bénédiction de Ste-Barbe par la prière à MSV. Une poignée de pâte dans le vent, dans l'océan, sur le pont et dans la bouche des marins. Une accalmie s'ensuit immédiatement, preuve que le Dieu des Pâtes est avec nous.

05h00 : L'accalmie octroyée par MSV s'est arrêtée, mais le Cap Finisterre est en vue.

11h10 : Nous tirons des bords dans la baie du Cap Finisterre, entourés par la cote montagneuse et couverte de forêts.

12h : Arrivée dans la baie des Sardiniers.

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Nous restons 48h dans ce mouillage qui est fidèle aux promesses des Rias espagnoles : calme, beau. Des nuées d'Ibis nous survolent, le soleil brille, les verres se vident et se remplissent.

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24/09/2021

05h : Réveil nocturne pour départ vers la Ria de Arousa, plus au Sud. Nous nous éloignons des côtes sous Grand Voile et Génois

09h15 : Génois tangonné, mais le vent faiblit inexorablement

14h27 : Allumage du moteur

18h30 : Mouillage au nord de l'Ila de Arousa, une ile magnifique, sauvage, caillouteuse sur le littoral et touffue dans les terres. Un équipage de Breton vient à notre rencontre et nous raconte son itinéraire.

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La Ria de Arousa nous accueille pendant quelques jours, entre balades sur l'ile et navigation au travers de la Ria vers un autre mouillage. La zone est parsemée de plateforme en métallique qui soutiennent du matériel de pêche, c'est impressionnant et il faut être vigilant pour ne pas se retrouver trop proche de ces obstacles.

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27/09/21 : Navigation vers l'île de Cies. Curieusement, le journal de bord ne contient aucune trace écrite de cette journée qui fut marquée par une chasse au trésor pour Rémi qui fêtait ses 42 ans.

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L'ile de Cies est en fait un archipel, composé d'un petit ilot et d'une ile plus grande marquée par un isthme en son milieu. C'est une réserve naturelle assez fréquentée par les touristes, couverte d'Eucalyptus, qui accueille des espèces d'oiseaux dont raffole Rémi et où la pêche est interdite. La journée est suffisante pour faire le tour de de l'île à pied, et le décor fait penser aux décors de l'île de Jurassik Park. En un mot comme en cent, c'est beau.

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30/09 : nous rallions Vigo (Mortensen) depuis l'île de Cies en quelques heures de navigation très agréables avec du vent, du beau temps, et Etienne qui nous lit le Seigneur des Anneaux.

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La ville de Vigo (Mortensen) est une grosse ville de bord de mer, très active et vivante. Les bars sont animés tous les soirs, les commerces très nombreux. Les ballades sont rythmées par les montées et les descentes du relief. Notre espagnol s'améliore tout doucement, et un jeune homme rencontré nous confie qu'il vit en Espagne car, ici, les policiers sont plus sympas avec les arabes qu'en France (je pose ça là vous en faites bien c'que vous voulez).

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03/10/21

10h06 : Départ du port de Vigo, le temps est couvert, il y a des vagues qui donne à Rémi un bon mal de mer. L'absence de vent nous force à faire route au moteur.

10h52 : Rémi rend les gorgées de Coca qu'il avait ingurgitées.

12h00 : Manon s'exerce à reconnaître les nuages. C'est pas encore tout à fait au point.

14h44 : Nous nous approchons de notre destination, entourés par des porte conteneurs, des bouteilles de plastique dans la mer et... des dauphins !

20h48 : Nous arrivons dans le port de Povoa de Varzim, acceuillis par des vagues qui menacent de fracasser les navires imprudents sur les digues. Le bilan est très lourd : plus que 15l de Diesel dans le réservoir. Nous sommes au Portugal.

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Le Portugal : nous allons longer sa côte pendant deux semaines, et avant d'entrer dans les détails, voilà trois éléments que nous avons retenus : les Portugais sont très gentils, iels parlent quasiment tous anglais voire français ce qui ne nous poussera pas à travailler leur langue, iels cuisinent une sauce orange qui a réussi à mettre tout l'équipage d'accord sur un sujet culinaire.

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04/10/2021

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Nous rallions la ville de Porto en tramway. Nous tombons dans a peu près tous les pièges destinés aux touristes, mais la ville s'y prête : elle est magnifique, parsemée de monuments à tous les coins de rue. Nous découvrons le spectaculaire pont Louis I a l'architecture Eiffel et visitons bien sur une cave de Porto qui nous fera tourner la tête.

Le soir, nous dînons dans un restaurant où nous apprendrons la recette de cette mystérieuse sauce orange : oignons, (un peu) tomate, ( un peu) huile d'olive (beaucoup), et l'ingrédient mystère : la crème fraîche. Manon décide de s'abstenir au maximum de toute restauration portugaise.

Après une journée de repos et de bricolage le 05/10, nous retournons visiter Porto le lendemain. De nouveau, dégustation de Porto, ballade dans les rues et le long du Rio de Douro. Nous adorons cette ville et en profitons jusqu'au soir avant de rentrer sur Utinam par le dernier tramway.

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07/10/2021

16h27 : Vila do Condé disparaît derrière nous tandis que se poursuit notre inexorable descente vers le sud.

08/10/2021

00h55 : les étoiles filantes nous accompagnent

10h53 : il fait beau

16h29 : terre en vue annoncée par les dauphins

21h00 : Arrivée à Nazaré

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Nazaré est la ville où il y a les plus grosses vagues du monde qui sont surfées. Quand on y sera, la période est calme et nous admirons "seulement" de très gros rouleaux. Le long de la plage, les pêcheurs font sécher morue, maquereau et poulpe.

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10/10/2021


11h02 : Départ du port

11h15 : à la sortie, un brouillard épais nous entoure. Les coups de corne sont sonnés toutes les deux minutes. Nous croisons un bateau de pêche que nous ne discernons pas mais que l'on entend siffler.

12h29 : Prière à MSV pour la levée du brouillard.

13h33 : Arrivée des dauphins, qui nous semblent beaucoup plus gros que ce qu'on a l'habitude de voir ! Ils sont nombreux, ce n'est pas ce qu'on avait demandé à MSV mais on prend.

13h53 : La brume se dissipe progressivement, nous laissant croire à des îles célestes que l'on longe sur notre bâbord.

14h40 : Les iles Berlenga sont visibles au loin, une lettre en cours d'écriture s'envole et est abandonnée à l'océan ... Pardon Gaîa

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Nous restons 4 jours sur l'ile de Berlenga qui nous semble être un paradis. A part le flux régulier de bateau touristiques qui arpentent les criques pour observer des poissons, c'est un petit bout de paradis digne, cette fois, des aventures de Jack Sparrow. Nous espérons tous les soirs admirer un rayon vert qui ne viendra pas et passons nos journées à marcher sur l'île ou à plonger au milieu des poissons. Un vieux fort relié à la terre par un pont en pierre donne le côté pittoresque au lieu, et des tunnels dans la roche que nous arpentons en annexe nous fait carrément rêver que nous sommes de vrais pirates en quête d'un trésor caché.

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14/10/2021 :

04h18 : Fin de l'éclate, l'équipage est reveillé par le bruit d'une tallonade. Force est de constater qu'une houle s'est levée et pousse le bateau vers une zone dont le fond est rocheux. Nous décidons de partir et levons l'ancre très rapidement.

05h32 :L'inspection complète n'a trouvée aucun impact et aucune voie d'eau n'est à signaler. Nous naviguons sous les étoiles et les étoiles filantes, nous slalomons entre les bateaux de pêche et le Cabo de Roca brille au loin.

08h15 : Beau lever de soleil admiré par le Capitaine qui confirme l'absence de voie d'eau mais prescrit néanmoins une plongée au port pour inspecter la coque.

13h23 : la mer est d'huile, le moteur tourne. Nous longeons les falaises de la côte qui nous amène vers notre dernière escale portugaise.

15h32 : Lisbonne est en approche, annoncé par un nuage de pollution et une fréquentation de déchets plastique dans l'eau inhabituelle.

15h54 : Nous pénétrons dans le chenal du Taje

16h27 : Après avoir dépassé des monuments en l'honneur des conquêtes portugaises, nous passons sous le pont gigantesque et bruyant du Taje

17h02 : Arrivée à Doca de Alcantara, l'un des nombreux ports de Lisbonne.

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Cette dernière escale fut l'occasion d'un réveil de notre vie sociale : le premier soir, nous passons la soirée avec des française : un équipage de deux jeunes naviguant sur " La Galère " et un couple qui navigue sur le "Norspyk". Les premiers quitteront Lisbonne le lendemain vers les Canaries, les seconds doivent réparer leur mat brisé. Nous les aiderons à remater et leur souhaitons bonne chance pour la suite de leur navigation qui les emmènera, comme nous, à Madère. Lisbonne est grande, agitée, bruyante : ce n'est pas l'endroit ou le bienêtromètre est le plus haut même si nous passons de très bons moments à bricoler, nous reposer, passer du temps avec des copaines, et un peu tout de même visiter la ville. Notre séjour à cependant été marqué par le deuil terrible du départ de notre interprète, médecin de bord, boulanger, compagnon et parrain Maxime. On lui souhaite de bien s'ennuyer dans Babylone et de vite choisir un stage en DomTom pour revenir naviguer avec Utinam.

Aujourd'hui, nous préparons le bateau pour la prochaine -grosse- étape de ce voyage : quitter le Portugal et se faire porter par les alizés Portugais jusqu'à Madère et les îles qui l'entourent, puis poursuivre jusqu'aux Canaries où le volcan est en train de tout doucement se calmer.

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Merci à toust celleux qui ont lu ce long article jusqu'au bout ! N'hésitez pas à nous poser des questions si vous en avez, on se fera un plaisir de rentrer plus dans les détails si vous êtes intéressées.

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